Page:Mirbeau - La Vache tachetée.djvu/83

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LA MÈRE (lui tendant la tasse).

Non, mon chéri, elle ne viendra pas… Allons, bois un peu… bois doucement… Tu t’agites, tu t’agites… tu parles, tu parles !… Allons, bois.

Il boit, avec un effort douloureux des lèvres…
Le liquide coule par chaque côté de la bouche.


LE POITRINAIRE (après avoir bu).

Ah ! que c’est fatigant, de boire ! Je ne sais pas pourquoi tu m’obliges à boire tous ces remèdes !… Je ne suis pas malade, moi !… Et ces fioles rangées, dans ma chambre, sur la nappe blanche, cela m’attriste tant… Il me semble que ce sont des cierges et qu’il y a un mort, tout près, pour qui l’on prie…


LA MÈRE.

Ne parle pas, je t’en supplie. Repose-toi… Veux-tu que je te lise quelque chose ?


LE POITRINAIRE.

Oh ! non ! merci petite mère… Je n’aime plus les livres… il n’y a plus rien dans les