Page:Mirbeau - Le Comédien, paru dans Le Figaro, 26 octobre 1882.djvu/24

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le peuple applaudissait, emporté dans le génie de Sophocle, le comédien n’était rien, il disparaissait sous le souffle superbe de l’œuvre. Aujourd’hui, le comédien est tout. C’est lui qui porte l’œuvre chétive. Aux époques de décadence, il ne se contente pas d’être le roi sur la scène, il veut aussi être roi dans la vie. Et comme nous avons tout détruit, comme nous avons renversé toutes nos croyances et brisé tous nos drapeaux, nous le hissons, le comédien, au sommet de la hiérarchie, comme le drapeau de nos décompositions.

Octave Mirbeau.