Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/58

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là-bas… Ceylan est merveilleux. Il y a, paraît-il, des femmes extraordinaires… des petites dentellières d’une beauté… d’un tempérament… C’est le paradis terrestres !… Viens demain au ministère… nous terminerons l’affaire, officiellement… En attendant, tu n’as pas besoin de crier ça, par-dessus les toits, à tout le monde… parce que, tu sais, je joue là une blague dangereuse, pour moi, et qui peut me coûter cher… Allons !…

Nous nous levâmes. Et, pendant que je rentrais dans les salons, au bras du ministre, celui-ci me disait encore, avec une ironie charmante :

— Hein ? tout de même !… La cellule ?… si tu la retrouvais ?… Est-ce qu’on sait ?… C’est Berthelot qui ferait un nez, crois-tu ?…

Cette combinaison m’avait redonné un peu de courage et de gaieté… Non qu’elle me plût absolument… À ce brevet d’illustre embryologiste, j’eusse préféré une bonne recette générale, par exemple… ou un siège bien rembourré au Conseil d’État… mais il faut se faire une raison ; l’aventure n’était pas sans quelque amusement, du reste. De simple vagabond de la politique que j’étais la minute d’avant, on ne devient pas, par un