Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/62

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comportent d’exagération, de vantardise et de mensonge, ce que je lus m’enchanta, particulièrement ce détail, rapporté par un grave savant allemand, qu’il existe, dans la banlieue de Colombo, parmi de féeriques jardins, au bord de la mer, une merveilleuse villa, un bungalow, comme ils disent, dans lequel un riche et fantaisiste Anglais entretient une sorte de harem, où sont représentées, en de parfaits exemplaires féminins, toutes les races de l’Inde, depuis les noires Tamoules, jusqu’aux serpentines Bayadères du Lahore, et aux bacchantes démoniaques de Bénarès. Je me promis bien de trouver un moyen d’introduction, auprès de ce polygame amateur, et borner là mes études d’embryologie comparée.

Le ministre, à qui j’allai faire mes adieux et confier mes projets, approuva toutes ces dispositions et loua fort gaiement ma vertu d’économie. En me quittant, il me dit avec une éloquence émue, tandis que moi-même, sous l’ondée de ses paroles, j’éprouvais un attendrissement, un pur, rafraîchissant et sublime attendrissement d’honnête homme :

— Pars, mon ami, et reviens-nous plus fort… reviens-nous un homme nouveau et