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V


Muni de lettres de recommandation pour « les autorités » de Ceylan, je m’embarquai, enfin, par une splendide après-midi, à Marseille, sur le Saghalien.

Dès que j’eus mis le pied sur le paquebot j’éprouvai, immédiatement, l’efficacité de ce qu’est un titre officiel, et comment, par son prestige, un homme déchu, tel que j’étais alors, se grandit, dans l’estime des inconnus et des passants, par conséquent, dans la sienne. Le capitaine, « qui savait mes admirables travaux », m’entoura de prévenances, presque d’honneurs. La cabine la plus confortable m’avait été réservée, ainsi que la meilleure place à table. Comme la nouvelle s’était vite répandue, parmi les passagers, de la présence, à bord, d’un illustre savant,