Aller au contenu

Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIII

13 novembre.

Et je me revois à Neuilly, chez les sœurs de Notre-Dame des Trente-six-Douleurs, espèce de maison de refuge, en même temps que bureau de placement, pour les bonnes. C’est un bel établissement — matiche — à façade blanche, au fond d’un grand jardin. Dans le jardin orné, tous les cinquante pas, de statues de la Vierge, s’élève une petite chapelle toute neuve et somptueuse, bâtie avec l’argent des quêtes. De grands arbres l’entourent. Et, toutes les heures, on entend tinter les cloches… C’est si gentil d’entendre tinter les cloches… ça remue dans le cœur des choses oubliées et si anciennes !… Quand les cloches tintent, je ferme les yeux, j’écoute, et je revois des paysages que je n’ai jamais vus peut-être et que je reconnais tout de même, des paysages très doux, imprégnés de tous les souvenirs transformés de l’enfance et de la jeunesse… et des bi-