Et j’ai une immense pitié d’elle… et je voudrais qu’ayant eu la force de le quitter, elle fût heureuse, maintenant…
Après la terrible scène, vite, je redescendis à l’office. William frottait mollement son argenterie, en fumant une cigarette russe.
— Qu’est-ce que tu as ? me dit-il, le plus tranquillement du monde.
— J’ai que je pars… que je quitte la boîte ce soir, haletai-je.
Je pouvais à peine parler…
— Comment, tu pars ? fit William, sans aucune émotion… Et pourquoi ?
En phrases courtes, sifflantes, en mimiques bouleversées, je racontai toute la scène avec Madame. William, très calme, indifférent, haussa les épaules…
— C’est trop bête, aussi ! dit-il… on n’est pas bête comme ça !
— Et c’est tout ce que tu trouves à me dire ?
— Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus ? Je dis que c’est bête. Il n’y a pas autre chose à dire…
— Et toi ?… que vas-tu faire ?
Il me regarda d’un regard oblique… Sa bouche eut un ricanement. Ah ! qu’il fut laid, son regard, à cette minute de détresse, qu’elle fut lâche et hideuse, sa bouche !…
— Moi ? dit-il… en feignant de ne pas comprendre ce que, dans cette interrogation, il y avait de prières pour lui.