Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/17

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les derniers jours de sa vie, l’Empereur défunt rendit plus restrictif encore et plus farouche son despotisme, plus absolue son autocratie. Vivant dans l’effroi perpétuel d’un attentat nihiliste, il croyait se préserver de lui et décourager la mort, en cuirassant sa personne sacrée d’un épais matelas, d’un intraversable matelas de cadavres. La mort est venue tout de même, conduite par cette terroriste implacable : la maladie, contre laquelle ne peuvent rien les lois sanglantes, les proscriptions, les mines et les gibets. Quant au jeune homme qui lui succède, non seulement il ne paraît pas disposé à rien modifier aux errements de son père, il semble, au contraire, affirmer sa volonté de les continuer et, au besoin, d’y ajouter, impérialement. C’est donc un devoir d’humanité et de sympathie envers un pays malheureux « où, depuis si longtemps, agonise tout ce qu’il y a de noble, d’intelligent et de généreux », que de donner au livre de M. Keunan la plus large, la plus retentissante publicité.

Le « déplacement par voie administrative » consiste en ceci : On arrête un individu sans aucune des formalités et « garanties » judiciaires qui, dans les pays civilisés, précèdent et suivent l’exécution de telles rigueurs ; on l’arrête, le plus souvent, au reçu d’une dénonciation ano-