Aller au contenu

Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pièce… ah !… ah !… vous savez ce que je veux dire… Voilà comment je travaille, moi !

Je vis que cet homme était heureux et, à ce moment, attendri. Véritablement, il me voulait du bien.

— Voyons !… voyons !… Si le cœur vous en dit… j’ouvre ce champ, ce champ immense à votre activité… Réfléchissez et revenez me voir… Ça ne vous sourit pas ?… Oui, je sais, on regimbe d’abord… Et puis, l’on s’y fait… Les enfants, les femmes, les passions, les loyers… il faut bien vivre… Et vous verrez, plus tard, comme vous me remercierez de vous avoir arraché aux amertumes de la littérature, aux désillusions de l’art !…

Durant plusieurs mois, je demeurai, comme accablé, sous le lourd souvenir de cette entrevue. Et mes nuits furent hantées de cauchemars. Dans mon sommeil, je ne voyais plus qu’une feuille de papier, immense et très blanche, où, comme sur l’écran d’un gigantesque cinématographe, dressé sur le monde, passait et repassait sans cesse.

Et, brusquement, voici que Paris-Journal me fait la surprise joyeuse de m’ouvrir, toutes grandes, ses portes, non seulement à moi, mais à cette petite amie que j’emmène partout avec moi : ma liberté.