Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/53

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risque de tuer quelque chose de supérieur aux lois, à la morale, à tout : de la beauté ! Car les lois changent, les morales se transforment ; et la beauté demeure, immaculée, sur des siècles qu’elle seule illumine.

Il n’y a que de la pourriture et du fumier, il n’y a que de l’impureté à l’origine de toute vie. Étalée dans ce chemin, sous le soleil, la charogne se gonfle de vie splendide ; les fientes, dans l’herbage desséché, recèlent des réalisations futures, merveilleuses. C’est dans l’infection du pus et le venin du sang corrompu, qu’éclosent les formes, par qui notre rêve chante et s’enchante. Ne nous demandons pas d’où elles viennent, et pourquoi la fleur est si belle qui plonge ses racines dans l’abject purin.

1895.