Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/112

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ments sympathiques et chevaleresques qui fleurissaient jadis au cœur des hommes ? Eh bien ! lisez Alexandre Dumas père. C’est le soleil qui réchauffe après les ténèbres qui glacent… Comment se fait-il qu’à une époque où l’on se préoccupe tellement de l’enseignement de l’enfance, de l’éducation de la jeunesse, aucun pédagogue n’ait encore songé à transformer les feuilletons d’Alexandre Dumas en livres classiques ?

Là-dessus, il adjure les ministres, les députés, les instituteurs, M. Jules Simon, M. Michel Bréal, M. Raoul Frary, M. Gréard, M. le duc de Broglie, M. Jules Ferry, tous les philosophes, tous les académiciens, toutes les mères, de remplacer la physique, la géométrie, la chimie, l’histoire, la littérature, la gymnastique et la langue allemande par l’étude approfondie, l’étude unique de la Reine Margot. Et il conclut, avec d’inouïs frémissements comme s’il s’agissait de Pascal, de Montaigne, de Ronsard :

— Répandez le Vicomte de Bragelonne, et il ne naîtra désormais que des héros. Faites apprendre par cœur, aux tout petits comme aux normaliens, Monte-Cristo et le Chevalier d’Harmenthal, et dans trois ans nous aurons recouvré l’Alsace, la Lorraine ; peut-être même le duché de Bade, le Wurtemberg et la Bavière… Rendez Alexandre Dumas obligatoire dans toutes les écoles, et, je vous le dis, la France est sauvée.

Je me demande comment M. Hector Pessard s’y prendrait pour relever la France en donnant simplement aux Français, comme