Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/261

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article, nous expliqua un exégète bien informé et nuageux. J’avoue que cela me paraît un peu compliqué. J’aime mieux croire que M. de Montesquiou a mis à cela moins de façons et qu’il n’a eu souci que de beaux vers.

Dès le début de son livre, M. de Montesquiou supplie qu’on ne lui demande pas de grands éclats de voix, de blasphématoires colères, des déchirements de passions tragiques, des imprécations à l’infidèle, ni de peindre des batailles, « ni de vibrer, ainsi que les frères de Reszké ». Avec une modestie que démentent souvent de hautes envolées dans le domaine de la pure intellectualité, il affirme :

Je suis le sténographe acéré des nuances,
Je représente au vol la vite impression,
Mon vers a fait son nid, ainsi qu’un alcyon,
Sur les flots de la mer des douces influences.

Et, plus loin, comme s’il voulait éloigner de lui ce calice d’amertume, qui est la douleur de penser, il s’écrie encore

Pas de preuves, pas de sondes,
Des mirages sur des ondes.

Ce qu’il entende évoquer, ce sont des choses menues, ténues, transitoires, effleurantes, des apparences fugitives, des reflets, « échos de