Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étrangeté. Cela est très recherché en même temps que très naïf ; cela va de Baudelaire aux chants simplistes des poésies primitives. J’ai retenu ce vers :

Ce ciel était couleur de fiancée.

Et celui-ci :

Le ciel semble un cou
De tourterelle…

Et celui-là :

La nue est couleur d’un gant de soirée.

Il drape le ciel, le chiffonne, l’orne de nébuleux affiquets, dans un arrangement ingénieux et tout à fait joli, comme s’il s’agissait d’une robe de bal, d’un manteau ou d’un appartement. Il assemble, avec ses mains prestes, infiniment délicates, les subtils décors de la nuit :

La nocturne panequille
Du point du jour vespéral,
Le brillant point à l’aiguille
Et l’Argent en sidéral.

. . . . . . . . . . . .

La mousseuse mousseline,

Les tarlatanes sans pair
Dont la brume embeboline
Le visage de Vesper.

. . . . . . . . . . . .

Les vapeurs en draperies

Et des brouillards en bonnets,
Guipures des Sibéries
Et jaconas japonais.