Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/267

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belles audaces : « Surtout, soyez vibrant… De l’emballement et en 9. » Ô jeunesse ! Ô généreux et divins emballements de la jeunesse ! Avec quelle sincérité je vibrais. Plus tard, je fus un peu étonné, en lisant les œuvres de M. Brunetière, ces œuvres dont j’avais fait une si complète capilotade, d’y trouver avec des choses parfois rebutantes, d’admirables pages qui sont parmi les plus fortes de ce temps. Je demeurai honteux de mon emballement et je pensai que, pour parler d’une œuvre même décriée, rien ne vaut encore comme la connaître.

M. Brunetière a déchaîné contre lui les fureurs de la presse, parce qu’il a librement parlé d’elle. Ce qu’il en a dit a paru quelque chose de monstrueux comme un sacrilège. Un prêtre souillant le saint ciboire n’eût pas davantage été honni par les dévotes. Et la colère dure encore. Il n’y a vraiment pas de quoi. Ce que l’on pourrait reprocher à M. Brunetière, c’est d’avoir manqué de courage en cette circonstance et de n’avoir pas été jusqu’au bout de son idée. Ce qu’il a dit, on l’a dit vingt fois, un peu partout. L’anathème est banal. Il eût pu être autrement terrible et vrai. Car il souffle, vraiment, sur la presse, « un esprit nouveau » . La délation s’y étale avec toutes ses lâchetés ; la dénonciation y triomphe avec toutes les impudeurs. C’est à vous soulever le cœur de dégoût. M. Brunetière eût pu montrer la presse désertant sa mission, reniant son caractère social qui avait été, jusqu’ici, de maintenir l’équilibre entre les