fuuut !… les unes meurent, et les autres s’en vont, sans raison. Sans raison, je le jure, ou, du moins, sans autre raison que, étant femmes et moi homme, nous sommes, sans doute, elles et moi, des êtres absolument antipodaux l’un à l’autre.
« Oui, oui, je sais ce que l’on peut me dire… Évidemment, l’on m’accusera d’être le forgeron de mon propre malheur… Mais, voilà… Je ne puis supporter la solitude. Seul, je me crois perdu, et je deviens aussitôt la proie de douloureuses et insoutenables terreurs, qui me sont encore plus pénibles qu’une femme. Il faut, autour de ma vie, un bruit familier et quotidien. Qu’il soit musique ou grincement, il n’importe, pourvu qu’il soit et qu’il chasse les fantômes effrayants du silence.
« Je vais dire une chose peu convenable. Je vous prie donc de m’excuser, car je serai bref et me garderai d’évoquer des images lascives.
« La première nuit de mes noces, il m’arriva une étrange et désagréable aventure. Je communiais ma femme avec une ferveur exaltée, quand, brusquement, d’un coup de rein, Laure rompit l’étreinte, et me jeta de côté sur le lit en poussant un cri :
» – Mon Dieu ! que je suis oublieuse, fit-elle… Mon Dieu ! mon Dieu !… j’ai oublié ma prière à saint Joseph !
« Sans remarquer mon étonnement, ni le désordre indécent et irrité de ma chair, elle se mit