Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/188

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Parsifal n’était pas trop changé… pas trop vieilli.

— Que fais-tu maintenant ?… lui demandai-je.

— Un peu de tout… répondit-il… ce que je trouve à faire… je fais de la publicité dans les journaux… je place du vin de Champagne… Je suis secrétaire d’un vélodrome… et Poidatz m’a mis dans l’affaire de ses théâtres populaires… Tout cela n’est pas très riche… Le meilleur et le plus sûr de mon histoire… c’est que, par Rouvier… notre vieux Rouvier… j’ai obtenu, le mois dernier… une place de correcteur d’épitaphes, pour les cimetières de la Seine… Oui, mon cher… c’est moi, maintenant, qui mets des deleatur sur les tombes !… Qu’est-ce que tu veux ?… Six mille par an… c’est toujours ça de pris…

— Et tu as renoncé, définitivement, à la politique ?

— Il le fallait bien… j’étais brûlé… brûlé… brûlé… vois-tu !… C’est ce qui m’embête le plus… Et pourtant…

Avec un mouvement comique, il me désigna ses poches :

— J’avais quelque chose là !…

Il soupira longuement…

— Je n’ai pas de veine…

— Et ta femme ? m’enquis-je, après un petit silence.

Parsifal, sur un geste, comme s’il voulait rejeter loin, très loin de lui, une chose importune…