Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/295

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— Mon Dieu ! répondit ce parfait gentleman sur un ton dégagé, mon nom vous serait peut-être en ce moment une trop vive surprise… D’ailleurs, ne pensez-vous pas qu’il vaut mieux réserver, pour une occasion moins étrange, une présentation que je souhaite prochaine et que, d’ailleurs, je puis vous l’avouer, je ne cherchais nullement aujourd’hui. Je voudrais, si vous y consentez, garder le plus strict incognito, jusqu’à nouvel ordre.

— Soit, monsieur… Mais tout ceci ne m’explique pas…

— Ma présence chez vous, à une heure aussi exagérée, et dans ce désordre ?

— C’est cela… Et je vous saurais gré…

— Comment donc ! acquiesça l’élégant inconnu. Votre curiosité est fort légitime, et je ne songe pas à m’y soustraire… Mais, pardon ! Puisque vous désirez que nous fassions un petit bout de causerie, ne pensez-vous pas qu’il serait prudent à vous de passer une robe de chambre… Votre déshabillé me navre… Il fait froid ici… et l’on a vite attrapé cette maudite influenza, en ces temps bizarres.

— Fort juste… Veuillez donc m’excuser une minute…

— Faites, monsieur, faites…

Je gagnai mon cabinet de toilette où j’endossai rapidement une robe de chambre, et je revins auprès de l’inconnu qui, durant ma courte absence,