Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/101

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ses genoux, et surveille le père Provost qui radoube son canot sur la cale. Des escouades de petites ouvrières en béguin aplati, en fichu clair, se rendent aux usines laissant derrière elles des odeurs rances de poisson. Des vieilles tricotent et font les cent pas en causant, tandis que des paysans du Cap, à la veste courte, aux braies flottantes, aux longs cheveux qui pleurent sous le chapeau de feutre, amènent un chargement d’orge que doit fréter un lougre de Paimpol. Là-bas, sous les arbres de la place, des anciens se chauffent au soleil, et des femmes raccommodent des filets.

Et les mouettes passent, s’élèvent, plongent, rasent l’eau qu’elles battent de leurs ailes, emplissent l’air de leurs cris, ou bien se laissent mollement bercer par le flot qui monte. Des canots que des mousses conduisent à la godille traversent le port et vont s’amarrer à l’estacade de Poulgoazec, qui, sur l’autre rive, échelonne gaiement ses maisons de pêcheurs, ses usines de sardines, et sa