Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/115

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grêles et tristes, des moulins à vent dont les grandes ailes tournent, et des croix de pierre dont les grands bras portent des images de saints camards et de vierges naïves. À gauche, par delà une large bande de terre, la mer s’étend et semble monter dans le ciel avec lequel, parfois, elle se confond, en un poudroiement de nacre rose. Voici Saint-Tugen et sa belle église, Saint-Tugen célèbre par son pardon où l’on vend des clefs bénites qui guérissent de la rage. Et la route continue, se rapprochant de la mer ; le vent du large vous apporte des grondements sourds, et des senteurs salées ; on distingue sur la surface tranquille de ce bel océan, des quantités de petites voiles grises, et des bateaux au mouillage, puis là-bas, très loin, un paquebot, très effacé et qui laisse sur le ciel des taches fines de fumée… Nous passons au Floc’h, petit hameau de pêcheurs, d’une pauvreté navrante. La mer brusquement s’avance jusqu’à la route qu’aux jours des grandes marées elle