Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/175

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pus, se répétait-il en tapant sur le cheval avec le manche du fouet ; p’tête quat’ cents… sans ça, l’notaire ne m’aurait point marqué ça dans eune lett’e… p’tête cinq cents…

Quand il eut dépassé les premières maisons du Jarrier, quelqu’un qui serait venu lui dire que le beau-père laissait moins de mille écus aurait probablement été reçu à coups de trique.

En descendant de la carriole, le cœur lui battait bien fort, et la maison du beau-père — chaumière misérable et croulante — lui apparut plus splendide que tous les palais des contes de fées. Dugué en demeura, quelques instants, ébloui. Un noyer qui secouait ses feuilles jaunies dans la brise, lui donna la sensation délicieuse de beaux louis d’or carillonnant, s’entrechoquant, et s’éparpillant sur lui en averse magnifique. Il entra. Mais sur le seuil, il faillit tomber à la renverse… Le beau-père était là, debout, vivant, et qui mangeait de la soupe dans une terrine de grès !… La surprise, l’indigna-