Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/328

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bonnet immense que surmontaient des fleurs en paquet et dont les brides larges battaient à ses épaules comme des ailes. Mme  Lechat fit deux révérences, et me dit d’une voix un peu rauque :

— Vous êtes bien aimable, Monsieur, bien aimable d’être venu voir Lechat… Ah ! il a dû vous en raconter des histoires et des histoires, mais il ne faut pas faire attention à ce qu’il dit, allez !… Il n’y a pas de plus grand blagueur, de plus grand espiègle… Ça lui nuit quand on ne le connaît pas, et, dans le fond, il est bien moins mauvais qu’il le paraît… C’est une manie qu’il a comme ça de parler à tort et à travers… Il ne sait quoi inventer, mon Dieu !… Quand ça le prend, il va, il va, il ne s’arrête pas…

Lechat balançait la tête, haussait les épaules et me regardait en clignant de l’œil, sans doute pour m’engager à ne pas écouter les sornettes de sa femme.

— Vous avez là, dis-je à Mme  Lechat, afin