Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/409

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un gendarme, de la part du préfet… Le gendarme s’est longtemps entretenu avec le sergent des douaniers… Et voici ce que j’ai appris… Demain matin, la frontière sera cernée… On ne peut pas vous empêcher de passer… mais on saisira vos armes… et alors, va te faire fiche !

À ces paroles, une joie divine inonda le cœur de Pescaire et de Cassaire. Ne rêvaient-il pas ? « Et alors, va te faire fiche ! » mots délicieux ! Oh ! comme durant cette minute ils aimèrent l’aubergiste, le bon aubergiste, l’aubergiste colombe qui, dans son bec barbu, leur apportait le rameau d’olivier. S’ils avaient osé, ils l’eussent embrassé.

Mais l’aubergiste reprit :

— J’ai pensé à une chose… confiez-moi vos armes… je connais la passe… Et qu’est-ce qui sera coïon, demain, en vous fouillant ? Ce sera le gabelou !

— Ce sera le gabelou… ce sera le gabelou, répétèrent machinalement Pescaire et Cassaire.