Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/54

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Le lendemain, de grand matin, une femme qu’accompagnait un petit enfant frappait à ma porte.

— C’est moi la Renaude, dit-elle en souriant et en faisant la révérence. On m’a commandé de venir vous trouver pour nous arranger. Et me voilà.

Elle me désigna l’enfant qui s’était pendu à ses jupes et me regardait d’un œil craintif :

— C’est mon Parisien. Dis bonjour au monsieur, Parisien.

Mais l’enfant, de plus en plus épeuré, s’était caché dans les jupons de la femme, qui murmura avec bonté, et comme si elle voulait l’excuser :

— C’est trop jeune, c’est pas encore instruit, ça a peur du monde, le pauvre petit !

Je tentai d’attirer l’enfant à moi, en lui parlant doucement, et en lui présentant un bouquet de cerises, que je venais de prendre dans un panier.

— C’est sans doute un enfant confié à votre garde ? demandai-je à la Renaude.