Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/62

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grondant. Je crus qu’il fallait en faire autant, et moi aussi je ris, bien que j’eusse, alors, je vous assure, envie de pleurer… Il s’avança vers moi, me prit par la taille et voulut m’embrasser. « Monsieur ! monsieur criai-je en me débattant. » Tais-toi donc, imbécile, qu’il me dit. Je criai plus fort. « Veux-tu te taire, salope ! » Et il mit sa grosse main sur ma bouche… Alors, je me sentis soulevée brutalement, portée sur le lit… Je voulus résister, mais le grand garçon me broyait la bouche et les membres, de toute la pesanteur de son corps : « Ah ! salope ! ah ! salope ! », ne cessait-il de répéter… Puis il me sembla que je m’en allais, que je tombais dans un grand trou noir… Quand je revins à moi, le garçon était parti, la bougie brûlait tristement sur la chaise, et je vis que j’étais toute déshabillée, que le lit était tout défait, et qu’il y avait du sang sur les draps… J’aurais pu me plaindre, dénoncer ce garçon, le faire arrêter… À quoi bon ? Tout le