Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/90

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hae au bas de laquelle y avait un grand foussé. « Où qu’ tu vas ? », que j’y dis. « Gâter de l’iau », qu’y me répond. « C’est ben ! », que j’ dis. Et j’ continue ma route.

Il se retourna de nouveau vers Rousseau :

— C’est-y ben ça ? dit-il.

— C’est ben ça ! répondit Rousseau.

— Pour lors, reprit Gatelier, j’ continue ma route. J’ marche, j’ marche, j’ marche. Et pis, v’là que j’ me retourne, n’y avait personne sus l’ chemin. J’ me dis : « C’est drôle ! où donc qu’ils sont passés ? » Et je r’viens sus mes pas : « C’est ben long, que j’ dis. On a un peu pinté, ça c’est vrai, mais tout de même, c’est ben long » . Et j’arrive à l’endreit où Roussiau avait monté l’ talus… Je grimpe la hae itout, j’ regarde dans l’ foussé : « Bon Dieu, que j’ dis, c’est Roussiau qu’ est sus ma femme ! » Pardon, excuse, mossieu le juge, mais v’là ce que j’ dis. Roussiau était donc sus ma femme, sauf vout’ respect, et y gigotait dans le