trée, un vaste terrain qu’il entoura d’abord d’une rampe en fonte, basse, figurant des enguirlandements d’immortelles et de roses. Puis, il fit creuser un caveau profond, à un seul compartiment, « car, expliquait-il, à quoi bon exhumer ma femme ? Elle est très bien dans sa concession. Et quant à Sébastien, qui sait où il mourra ? » Le caveau creusé, maçonné, dallé, il fit élever une sorte de monument funéraire, carré, en granit d’Alençon, semblable de forme à une grande malle dont le couvercle serait bombé. Il ne voulut aucun ornement, aucune moulure, aucun attribut symbolique. « Un tombeau de verre, comme Socrate, disait-il. Du confortable, mais pas de luxe, ce que j’appelle… » Sur une des faces latérales, en bas, était ménagée une ouverture, pareille à une large chattière, et destinée à l’intromission du cercueil. M. Roch surveillait les travaux, les dirigeait avec une indiscutable compétence d’architecte et une sérénité de philosophe, imperturbable ; il interrompait parfois ses conseils techniques par des aphorismes sur la mort comme celui-ci : « Voyez-vous, la mort c’est une question d’habitude. » Un jour que Mme Lecautel était venue déposer des fleurs sur une tombe, il s’obstina à lui faire les honneurs de son monument.
— Si vous aviez voulu !… lui dit-il, en poussant un soupir de regret.
Il lui montra, dans l’enceinte formée par la rampe de fonte, les petites plates-bandes, contournées, serpentantes, plantées de jeunes arbres verts. Et c’étaient aussi, sur le sable jaune, d’étonnants cœurs bordés de buis, des croix de pyrèthre, des ostensoirs de géranium. Déjà, un saule