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Page:Mirbeau - Sébastien Roch, 1890.djvu/175

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Tout ce qui avait inquiété Sébastien dans les attitudes du Père, tout ce qui l’avait éloigné de sa personne, il n’y reconnaissait plus que des expressions de douleur. Et, dans un accès de gratitude exaltée et pénitente, pour tout ce que le Jésuite lui avait, si généreusement, donné de sa science, de son émotion, pour tout ce qu’il avait éveillé en lui de beau, de noble, d’ardent, il aurait voulu écarter les plis de sa soutane, et panser les marques rouges de sa poitrine, et baiser ses plaies saignantes. Enfin, une pensée égoïste l’accabla. Si le Père de Kern refusait de lui continuer ses leçons, s’il allait lui dire : « Vous n’avez pas eu confiance en moi, vous êtes indigne de mes bontés », il retomberait dans ses anciens dégoûts, dans ce même abandon moral où il avait végété, si misérablement opprimé par les maîtres, vaincu par les choses, la proie de cette éducation étouffante, qui faisait la nuit en son cerveau. Un jour que le Père, à la promenade, lisait son bréviaire, à l’écart, sous les arbres, Sébastien osa l’aborder, et, contrit, les joues rouges, les yeux baissés :

— Pardonnez-moi, mon Père, bégaya-t-il… J’ai été méchant… Je ne le ferai plus.

Le Père regarda Sébastien d’un regard aigu qui entra en lui, comme une vrille. Et il dit simplement, d’une voix qui avait la suavité triste d’un soupir :

— Que je vous ai plaint, mon enfant !… oh ! mon cher enfant !

Après un silence, haletant :

— Mais Dieu m’a entendu, puisque vous vous repentez…

Il ferma son bréviaire et se mit à marcher len-