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Page:Mirbeau - Sébastien Roch, 1890.djvu/261

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LIVRE DEUXIÈME


I


On était aux premiers jours de juillet 1870.

Cette journée-là, le ciel d’abord nuageux et menaçant, au matin, s’était, vers midi, tout à fait rasséréné. Un clair soleil inondait la campagne. Sébastien sortit de chez lui, traversa le bourg et entra au bureau de poste, chez Mme Lecautel. Le bureau était fermé de midi à deux heures. Ordinairement, Mme Lecautel profitait de ce congé quotidien pour se promener un peu, avec sa fille, lorsque le temps était beau. Quelques minutes après, tous les trois, ils descendirent la rue de Paris et gagnèrent les champs.

Sébastien avait vingt ans ; il avait beaucoup grandi, mais il était resté maigre et pâle. Son dos se voûtait légèrement, sa démarche devenait lente, indolente même ; ses yeux conservaient un bel éclat d’intelligence qui souvent se voilait, s’éteignait dans quelque chose de vitreux. À la