ment dans sa capote de mobile breton, souriait du même sourire, énigmatique et grimaçant, qu’il avait autrefois. À regarder son ami qui marchait près de lui, en rang, il n’avait pu s’empêcher de se souvenir des promenades du collège et d’en être très heureux.
— Tu te rappelles, Bolorec ?… disait-il… tu te rappelles, quand tu sculptais et que tu me chantais tes chansons bretonnes ?… Tu te rappelles ?
— Oui ! oui ! faisait Bolorec, qui essayait de se mettre au pas.
Il n’était point changé… À peine s’il avait grandi. Toujours boulot, les cheveux crépus, les joues molles et rondes, complètement imberbes, il roulait sur ses jambes courtes, les hanches désunies.
— Et comment es-tu ici ?
— Nous arrivons du camp de Conlie… Il y en a déjà beaucoup qui sont morts…
— Tu t’es battu ?
— Non !… la fièvre… la faim… Ils sont morts beaucoup, des gens de chez moi… des amis… Ce n’est pas juste !…
— Pourquoi ne m’as-tu pas écrit, Bolorec ?
— Parce que…
Ils étaient allés ainsi jusqu’à Pontlieue, un faubourg du Mans, où l’on avait établi un camp, sur la rive droite de la Sarthe.
— C’est là que je suis, moi aussi !… avait dit Bolorec.
Et quelle joie, le lendemain, lorsqu’ils avaient appris qu’ils faisaient partie de la même brigade ! À partir de ce moment, ils ne s’étaient guère