Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/196

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ISIDORE

Disons le mot… de la ruine…

LE MARQUIS, feignant l’assurance.

Peste !… comme vous y allez… cher monsieur Lechat !…

ISIDORE

Inutile de feindre avec moi… monsieur le marquis… Je connais votre position aussi bien que vous… Je la connais mieux que vous…

LE MARQUIS

Ma position… comme vous dites… n’est pas très brillante… en ce moment… Elle n’est pas, non plus, désespérée.

ISIDORE

Si… monsieur le marquis… si… Elle l’est… (Légèrement ironique.) Et… ma foi !… je puis bien vous avouer une chose… Il y a longtemps que je caresse l’idée de réunir à la terre de Vauperdu… la terre de Porcellet… (Sursaut du marquis.)… Mon Dieu, oui !… C’est un de mes rêves… Quel domaine, monsieur le marquis ! (Un petit silence.)… Ce rêve… (Il montre le dossier ouvert sur la table.)… je puis le réaliser demain… (Âpre.)… si je veux… (Il redevient bonhomme.)… Mais vous me plaisez beaucoup… Et je me demande si… avant d’en arriver à des extrémités fâcheuses pour vous… et pour moi… pénibles… après tout… malgré mon rêve… je me demande si nous ne devons pas chercher un moyen d’entente… un terrain de conciliation… si nous ne pouvons pas nous arranger… comme de braves gens que nous sommes… ah !…