Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/222

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mon Dieu… mon Dieu !… (Elle pleure.) Cela devait arriver…

ISIDORE

Quoi ?… qu’est-ce qui devait arriver ?

MADAME LECHAT, à travers ses larmes.

Je ne sais pas… je ne sais pas !…

ISIDORE, marchant dans la pièce, bousculant les meubles.

Ma fille est folle… ma femme est folle. Elles sont folles toutes les deux !… (Le marquis se dispose à partir.) Monsieur le marquis… mais c’est impossible… impossible !… Il y a un malentendu… je vous dis qu’il y a un malentendu !…

LE MARQUIS

Je n’ai plus qu’à me retirer…

ISIDORE

Vous avez raison. Cela vaut mieux. Je vais lui parler, moi. (Le reconduisant.) Ah ! monsieur le marquis… on travaille pour ses enfants… on amasse des millions pour qu’ils soient heureux… on fait de beaux rêves… et voilà… Mais j’arrangerai cela en famille. J’en ai vu bien d’autres, allez !… (Plus bas.) Et s’il faut faire encore un petit sacrifice… vous comprenez ?… À demain, monsieur le marquis…

LE MARQUIS, très froid, affectant une dignité très hautaine.

Il me semble, monsieur, que nous n’avons plus rien à nous dire.

ISIDORE, regardant le marquis un certain temps… et ouvrant la porte du fond.

Il vous semble ?…