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Page:Mirbeau - Théâtre I.djvu/94

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millions… et que je possède un journal… où je dirige l’opinion politique, littéraire, philosophique… et tout le bataclan… (Il marche agité, glorieux, se frottant les mains et s’arrête au fond du théâtre… Là, il regarde autour de lui… les pouces, maintenant, dans les entournures de son gilet… son visage s’épanouit.) Phinck !… Et toi… ta… ta… ta…

Il cherche le nom.
GRUGGH

Gruggh… Wilhelm Gruggh !

ISIDORE

Gruggh… c’est vrai… Je ne puis me mettre ce diable de nom dans la tête… Venez ici… tous les deux… (D’un geste large, énorme, il embrasse tout l’horizon.) Qu’est-ce que vous dites de mon point de vue ?…

PHINCK

Superbe !…

GRUGGH

Nous l’admirions… tout à l’heure… avec Mme Lechat…

ISIDORE, bas.

Ma femme ?… Est-ce qu’elle sait ?… Elle n’a pas d’usage ! (Haut.) Tout ce que vous voyez… à droite… à gauche… devant vous… derrière vous… tous ces champs… toutes ces prairies… et… tenez… là-bas… cette rivière… avec ce grand moulin… et… au fond… sur les coteaux… tous ces bois !… Eh bien… tout cela est à moi… Et encore vous ne voyez rien… J’ai sept mille hectares… Je suis sur deux départements,