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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/104

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La Mère Cathiard

Une sainte, quoi !… (Un temps.)… Dites donc, Madeleine… je suis allée au château, ce midi…

Madeleine

Ah !…

La Mère Cathiard

Oui… Ça ne vous fait pas de peine au moins ?…

Madeleine

Pourquoi voulez-vous que cela me fasse de la peine ?

La Mère Cathiard

Parce que si cela vous faisait de la peine ?…

Madeleine

Mais non…

La Mère Cathiard

Parce que c’est moi, maintenant, qui pose pour Mlle Geneviève… comme votre maman. Elle me met sur la tête quelque chose de rouge… et puis un tablier avec des rayures bleues sur les genoux… et puis un fichu jaune autour du cou… et puis un panier plein d’oranges à mes pieds… En v’là des inventions !… Et si vous voyiez ce grand atelier ?… Ah bien, il y en a des affaires, là-dedans… et des glaces, et des buffets… et des tapis et de tout… Et ce qu’elle m’a dit ?… Elle m’a dit que j’étais plus belle que votre maman… que j’avais — comment est-ce qu’elle m’a arrangé ça ? — que j’avais une figure en ivoire ancien… Ainsi… vous croyez ?… Elle m’a donné deux francs… C’est-y ce qu’elle donnait à votre maman ?…