Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/168

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Capron

Parbleu !… ce ne sont pas des paroles en l’air. Je ne suis ni un poète ni un rêveur, moi… je suis un économiste… un penseur… et, ne l’oubliez pas, un républicain… un véritable républicain… Ce n’est pas l’esprit du passé qui parle en moi… c’est l’esprit moderne… Et c’est comme républicain, que vous me verrez toujours prêt à défendre les sublimes conquêtes de 89, contre l’insatiable appétit des pauvres !…

Duhormel

Il est certain qu’on ne peut rien changer à ce qui est… Dans une société démocratique bien construite, il faut des riches…

Capron

Et des pauvres…

Duhormel

C’est évident…

Capron

Qu’est-ce que deviendraient les riches, s’il n’y avait pas de pauvres ?

Duhormel

Et les pauvres, qu’est-ce qu’ils feraient, s’il n’y avait pas de riches ?

Capron

Cela saute aux yeux… Il faut des pauvres pour faire davantage sentir aux riches le prix de leurs richesses…