Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Capron

Oui… mais… la route ?…

Hargand

La route est libre par le haut du parc… J’ai donné l’ordre d’atteler vos chevaux… Vous pourrez rentrer chez vous, sans crainte… Vous en serez quitte pour faire un détour.

Capron

Partons, alors !…

Les clameurs qui n’ont pas cessé, arrivent plus violentes. On entend très distinctement : « À bas les Hargand ! Vive la grève ! ».

De la Troude

Partons… partons !… Jamais je n’aurais cru… Et mon chapeau !… Où est mon chapeau ?… (Il cherche vainement son chapeau.) C’est abominable !… Car enfin… la grève ici !… Où allons-nous ?… mon chapeau ?…

Hargand, il prend le chapeau visible sur un meuble.

Ne vous agitez pas ainsi, La Troude !… Le voici !… Et partez !…

Capron, solennel et prenant les mains d’Hargand.

Mon cher Hargand… vous avez épuisé tous les moyens de conciliation… vous les avez gorgés… Pour ces bandits, vous vous êtes dépouillé… Vous leur avez donné jusqu’à votre chemise… Que veulent-ils encore ?… Ah ! non ! Vous n’avez pas à hésiter… La parole, maintenant, n’est plus qu’aux fusils… De l’énergie, mon ami !… et des troupes surtout !… des troupes, des troupes !… Songez que ce n’est pas seulement vous et vos usines