Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/195

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reprochent comme une défaillance… comme une abdication… Enfants, je me préoccupe de les élever et de les instruire ;… hommes, de les moraliser, de les amener à la pleine conscience de leur individu ;… vieillards, je les ai mis à l’abri du besoin… Chez moi, ils peuvent naître, vivre et mourir…

Robert, interrompant.

Pauvres !… (Un temps.) Oui, vous avez fait tout cela… et c’est toujours… toujours de la misère !…

Hargand, d’une voix plus haute.

Ce n’est pas de ma faute !

Robert

Est-ce de la leur ?

Hargand

Puis-je donc transgresser cette intransgressible loi de la vie qui veut que rien ne se crée… rien ne se fonde que dans la douleur ?

Robert

Justification de toutes les violences… excuse de toutes les tyrannies… parole exécrable, mon père !

Hargand

Elle a dominé toute l’histoire !

Robert

Tortures… massacres… bûchers !… voilà l’histoire !… L’histoire est un charnier… N’en remuez pas la pourriture… Ne vous obstinez pas toujours à interroger ce passé de nuit et de sang !… C’est vers l’avenir qu’il