Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/24

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Chapuzot, expression ahurie.

Une bouteille de cassis ?

L’Interviewer

Oui… répondez !

Chapuzot

Une bouteille de cassis ?… Du diable, par exemple !…

L’Interviewer

Vous ne voulez rien dire ?… (Silence de Chapuzot.) Très bien…

Chapuzot

Une bouteille de cassis… mais sacré mâtin !…

L’Interviewer

Taisez-vous… ne mentez pas. (Il déclame.) Oh ! ne mentez jamais… le mensonge est impie… Et il ne sert à rien avec la Presse… Je vais encore essayer… bien que vous n’ayez pas de traité de publicité avec le Mouvement… Voyons ?… (Il lui tape amicalement sur l’épaule.) Voyons… mon cher Chapuzot… mon vieux Chapuzot… (Très doucement.) Quel est le mobile de cet acte de brutalité sauvage ?… Car enfin, vous avez l’air d’un brave homme, que diable !… Est-ce une vengeance vulgaire ?… Une explosion soudaine de colère irréfléchie ?… Une suggestion ?… Une congestion ?… (Un temps.) Oui ?… (Chapuzot exprime le plus complet abrutissement.) Continuons… par la douceur. (Il lui caresse l’épaule.) Sommes-nous en présence d’un cas passionnel… ou purement physiologique… ou simplement atavique ?…