Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/34

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L’Interviewer

De quelle nature étaient ces taches ?… me demanderez-vous… (Tout en parlant, il débouche des bouteilles, qu’il flaire, et se fait un mélange. Chapuzot se lève, se rapproche du comptoir, et surveille les mouvements de l’Interviewer.) Semblables à celles que les astronomes relevèrent à la périphérie de l’astre solaire… avec cette particularité, toutefois, qu’elles avaient une apparence d’induration cornée… (Il remue le mélange avec une cuiller.) Remarquez en passant, Chapuzot, comme tout s’enchaîne… (Il boit.) comme une découverte en amène une autre… Astre et cerveau, comprenez-vous ?… (Il boit, Chapuzot a pris deux soucoupes, qu’il porte sur la pile des autres, et remonte à gauche, près du comptoir, hors duquel, peu à peu, il pousse l’Interviewer.) Lombroso avait désormais dans la main, non seulement la solution de la question sociale, mais encore la solution d’un problème, autrement important, qu’il cherchait vainement depuis longtemps… l’unification des sciences…

Chapuzot, qui a reconquis son comptoir.

Sacré nom d’un chien !…

L’Interviewer, accoudé sur le comptoir, en dehors.

Je n’ai pas le temps de vous donner de ces taches une description physiologique complète. Ce serait trop ardu pour vous. (Assentiment vague de Chapuzot, qui remet de l’ordre sur son comptoir.) Peu importe, d’ailleurs… Contentez-vous de savoir qu’après de nombreuses expériences, l’illustre Lombroso parvint à en déterminer exactement la nature… Le reste n’était plus qu’un jeu pour lui.

Chapuzot

Ah ! tant mieux !… Sacré coquin… J’ai eu chaud…