Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/123

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avec les prisons, les médailles, la Légion d’honneur.

L’abbé hausse les épaules.
Courtin, sardonique.

Et la guillotine ?… (Changeant de ton.) C’est un système.

Mademoiselle Rambert

C’est le mien.

Courtin, se contenant à peine.

Eh bien, mademoiselle, vous trouverez bon que je vous prie d’aller l’appliquer ailleurs.

L’abbé se frotte les mains.
Mademoiselle Rambert, très calme.

Mais je ne demande pas mieux…

L’Abbé

À la bonne heure !

Un temps.
Mademoiselle Rambert

Avec l’existence qui m’est faite… les soucis… les reproches… (Regardant l’abbé qui hausse les épaules et ricane.) la jalousie… l’espionnage… j’en ai assez.

Courtin

Mademoiselle…

Mademoiselle Rambert, interrompant.

Je suis à bout de forces et aidée… il faut voir… Presque plus de personnel… pas d’argent… jamais d’argent… Aucun n’est payé. Les fournisseurs viennent me faire des scènes tous les jours… on me menace… on m’insulte… en plein vestibule du Foyer… devant les petites… On me traite de voleuse jusque dans la rue…