Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/181

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Thérèse, même ton.

Vous ne connaissez donc pas quel bonheur c’est de se sacrifier… de se sacrifier pour quelqu’un qu’on aime ?… (Sourire extatique.) Une félicité… une félicité qui donne jusqu’au dégoût du plaisir !

Biron, essayant de la faire rire.

Moi, le plaisir, ma petite Thérèse… le plaisir me suffirait… me suffirait…

Thérèse, qui a regardé Biron, frissonnant.

Oh ! Biron… oh !…

Biron, geignant.

Mais, ma petite Thérèse, je ne suis pas un héros, moi… ni un saint… ni un poète !…

Il s’assied.
Thérèse, venant s’asseoir près de lui.

Écoutez-moi… écoutez-moi… Jamais je n’oserai… (Elle détourne les yeux et lentement, bas.) Ce garçon m’aime comme un fou…

Biron, rageur.

Comme un fou ? c’est-à-dire que c’est vous qui en êtes folle…

Thérèse, tranquille.

Je ne lui ai jamais donné le moindre espoir…

Biron

Oh ! il n’a qu’à vous regarder…

Thérèse, grave.

Il ne me verra plus… (Biron écarquille les yeux.) Oui… si je vous demande de renoncer à moi… je m’engage à ne plus le revoir.