Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/215

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Louisette, imitant Mlle Rambert.

Eh là, mesdemoiselles ?… (Elle frappe des mains l’une contre l’autre. Toutes s’immobilisent comme au bruit de la claquette.)… Je ne sais vraiment pas ce qui vous prend, mesdemoiselles… Ah ! tu veux manger, Ribanel ?… Tu veux ?… Le roi dit : « Nous voulons », ma fille… Sans doute, vous étiez mieux nourries, dans la rue où l’on vous a recueillies, mesdemoiselles ? Vous n’avez pas honte de vous plaindre ?… Vous ne devriez pas oublier, petites malheureuses, que vous n’êtes ici que par charité…

Toutes les fillettes se mettent à rire, pendant que Louisette fait un geste de menace à une personne imaginaire, puis un geste plus libre.

Miche

Ah ! t’as la langue bien pendue… pour ça !… Celui qui t’a coupé le sifflet n’a pas volé sa galette…

Louisette

Dommage que t’aies pas été finie ce jour-là…

Éclats de rire.
Ribanel

Enfin… c’est trop dégoûtant, tout de même… On travaille, on peut manger.

Fleurance

On s’esquinte assez.

Miche

Puisqu’on te le dit !… T’en as une caboche !

Ribanel

Si on parlait à l’abbé Laroze ?