Page:Mirbeau - Théâtre III.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Amante, toujours distraite et vague.

Délicieuse…

L’Amant

N’est-ce pas ?…

L’Amante, même jeu.

Oui…

L’Amant, lyrique.

Ah ! quel puissant mystère est-ce donc que l’amour ?… Chaque soir, nous venons ici… Ce sont les mêmes choses autour de nous… les mêmes clartés… le même rêve nocturne… et, pourtant, chaque soir, il me semble que j’éprouve des joies nouvelles… et plus fortes… et… plus… plus mystérieuses… et davantage inconnues… et si douces… si douces !… (Un oiseau réveillé dans l’arbre, au-dessus d’eux, pousse de petits cris d’effroi et s’envole… L’amant s’est tu… Il abandonne les mains de l’amante, regarde la direction par où l’oiseau s’est envolé… Puis ressaisissant les mains avec plus de force.)… Et si douces… (Silence.) tellement douces !… (Nouveau silence.)… N’est-ce pas ?…

L’Amante

Quoi ?

L’Amant

Qu’elles sont tellement douces ?…

L’Amante

Qui ?

L’Amant, un peu déconcerté.

Mais… je ne sais pas… Ces clartés… ce rêve nocturne… ce petit oiseau envolé… (Tout d’un coup — enthousiaste.)… Et nos joies… nos folles joies !…