Page:Mirbeau - Une lecture, paru dans l’Écho de Paris, 1 décembre 1890.djvu/9

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Byronnet

Les bluets deviennent noirs…

La baronne Hopen

Ah ! quelle catastrophe !

Madame Boniska

Avoir tant de talent ! Et mettre… bluets ! Quel dommage !

La baronne Hopen

Que je souffre de ces bluets !… des bluets !…

Byronnet

Hé bien !… quoi ? des bluets !…

Madame Boniska

Mais il n’y a pas de faute plus grande contre l’élégance… Et votre marquise n’est pas une vraie grande dame… Elle a des goûts grossiers… Ce n’est pas admissible.

Byronnet

Pas une vraie grande dame, une marquise ?… Vous m’offensez en la supposant telle… Ai-je donc l’habitude de peindre des femmes dont l’aristocratie est douteuse ?… (Très froid)… C’est bien… (Il range les feuillets de son manuscrit). Vous ne connaîtrez pas la suite de mon roman… (Il se lève.) Sachez seulement qu’il y avait de l’amontillado au premier service… (Ironique.) Ce n’est peut-être pas un vin élégant, l’amontillado ?…