Page:Mirecourt - Émile de Girardin.djvu/76

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tourner contre moi. Cette biographie, vous la ferez alors, monsieur ; mais, dans ma vie privée et dans ma vie politique, si vous la faites loyalement, vous ne trouverez rien qui ne soit honorable, n’est-ce pas, monsieur ?

« — Oui, monsieur, répondit M. de Girardin.

« Il avait été décidé par les témoins que les combattants seraient placés à quarante pas, et qu’ils pourraient faire dix pas chacun.

« M. Carrel franchit la distance d’un pas ferme et rapide. Parvenu à la limite, et levant son pistolet, il tira sur M. de Girardin, qui n’avait encore fait que trois pas environ en ajustant. La détonation des deux armes fut presque simultanée. Cependant M. Carrel avait tiré le premier, M. de Girardin s’écria :

« — Je suis touché à la cuisse !

« — Et moi à l’aine, dit M. Carrel, après avoir essuyé le feu de son adversaire.

« Il eut encore la force d’aller s’asseoir sur un tertre, au bord de l’allée. Ses témoins et son ami, le docteur Marx, coururent à lui. M. Persat[1] fondait en larmes.

« — Ne pleurez pas, mon bon Persat, lui dit Carrel, voilà une balle qui vous acquitte.

  1. Gérant du National.