Page:Mirecourt - Alfred de Musset.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne dit-on pas que le vin est le lait des vieillards comme celui des poëtes ?

Le vin, c’est possible ; mais l’eau-de-vie, non ; mais l’absinthe encore moins.

Chapelle, notre vieux et rubicond poëte, buvait pour augmenter son enjouement, pour allumer sa verve, et il buvait du meilleur. Alfred de Musset, au contraire, buvait du pire, afin de chasser de son esprit une pensée cruelle, afin d’étouffer dans son âme un chagrin rongeur. Ce n’était pas de l’intempérance, c’était du désespoir.

Une telle faiblesse, selon nous, est inexcusable.

Le courage est le premier don fait par le ciel au génie : manquer de courage, c’est offenser le ciel.

Que M. de Musset le sache bien : ce