Page:Mirecourt - Déjazet.djvu/71

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Constamment elle a pris l’amour au sérieux ; c’était sa religion, c’était son culte.

Ses camarades du Palais-Royal racontent qu’elle descendait parfois en costume, pendant un entr’acte, montait en voiture et se faisait conduire, ventre à terre, aux coulisses de la Gaîté, pour y presser la main d’un ami de cœur.

C’était un jeune artiste, un confrère[1].

Un soir qu’il était libre, elle lui dit :

  1. À une époque où les ducs et les marquis mettaient leur fortune aux pieds de mademoiselle Déjazet, on aime à lui voir cette candide affection, ce sentiment tendre et désintéressé. Le second héros de cette liaison obtient aujourd’hui dans une pièce à retentissement un beau et légitime succès. Nous lui avons entendu déclarer qu’il doit son avenir aux conseils et à la noble amitié de l’actrice, et qu’aujourd’hui encore il est prêt à donner sa vie pour elle. Il y avait là vingt personnes. C’était en plein foyer de théâtre. Peu de femmes inspirent une semblable reconnaissance.