Page:Mirecourt - Frédérick Lemaître.djvu/63

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merveilleux ensemble. Frédérick lui donne, comme par miracle, le sentiment le plus net des situations, l’intelligence la plus complète des rôles[1].

Frédérick a toujours pêché par l’orgueil. La conviction trop intime de son mérite contribua parfois à le rendre mauvais camarade.

Il traitait les employés du théâtre avec un despotisme qui lui attirait souvent des

  1. Un fait analogue se produisit au même théâtre, lorsqu’on y reprit Robert Macaire. Un acteur, nommé Perrin, répétait le rôle de Bertrand avec une inintelligence absolue, avec une maladresse désespérante. Frédérick le prend à l’écart, lui définit en peu de mots le caractère de son rôle, lui fait comprendre que Bertrand ne doit être que le satellite, l’ombre, la charge de Macaire. Du doigt et de l’œil, il le fait se mouvoir, se placer, se redresser ; il lui indique des lèvres toutes les intonations, et voilà Perrin transformé tout à coup en un Bertrand de premier choix.