Page:Mirecourt - L'abbé de Lamennais.djvu/71

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lement de la vieille Europe à la publication de cette œuvre terrible[1].

  1. Tous les hommes d’intelligence amis de M. de Lamennais n’eurent qu’une voix pour lui jeter le blâme.

    — Que pensez-vous des Paroles d’un Croyant ? demandait-on à Jules Lechevalier. — C’est l’Évangile diabolique de la science sociale, répondit-il, l’Apocalypse du démon.

    Chateaubriand s’écria : — Mais à quoi songe donc ce prêtre ? Il ouvre un club sous un clocher !

    — Bon ! dit Michaud, voilà 93 qui fait ses Pâques !

    M. de Sainte-Beuve, seul, l’illustre critique actuel du Moniteur, aujourd’hui homme d’ordre par excellence, approuvait cette œuvre antisociale et impie. Il se chargeait d’aller corriger les épreuves chez Pagnerre, éditeur du livre, et préparait dans la Revue des Deux-Mondes, un article flamboyant pour lancer la première édition.

    Un poëte anonyme, de cette époque, indigné des insinuations perfides de l’auteur des Paroles d’un Croyant pour exciter les classes indigentes contre les riches, envoya les vers suivants à M. de Lamennais :

    S’il est vrai que, courbé sous des lois homicides,
    Le pauvre est là qui meurt de faim,