Page:Mirecourt - Louise Colet.pdf/60

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En me voyant passer sous mon vêtement noir,

Ils disent, me jugeant comme ils jugent les femmes :
Ce deuil n’est qu’apparent, ce deuil cache l’espoir…
L’espoir ! Vous qui parlez, regardez dans mon âme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je marchais souriante, à ton bras inclinée,

Le long des peupliers qu’éclairait le couchant.
Sur la lande, un vieux pâtre entonnait un vieux chant

À l’horizon flottait la Méditerranée.


Tous les chastes trésors en secret amassés

Dans une âme de vierge, entre toutes choisie,
Furent pour toi : candeur, fierté, foi, poésie,

Parfums mystérieux qu’en ton sein j’ai versés.


Oh ! comme le destin aurait pu nous sourire,

L’un sur l’autre appuyés, si tu l’avais voulu !
Tu le sais maintenant que la mort t’a fait lire

Dans mon cœur où, vivant, tu n’as jamais bien lu.


Je ne t’accuse pas ; je me souviens, je pleure ;

L’âme de mes enfants est éclose par toi ;
Et de ton sein glacé jusqu’à ce que je meure

Les derniers battements retentiront pour moi[1].
  1. Mai 1851.