Page:Mirecourt - Méry.djvu/68

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Je vous laisserai même, et gaîment, et sans crainte,
Ô prodige ! en vos mains tenir ma Bible peinte,
Que vous n’avez touchée encor qu’avec terreur,
Où l’on voit Dieu le Père en habit d’empereur.
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Et puis brûlez les vers dont ma table est semée,
Si vous tenez à voir ce qu’ils font de fumée !
Brûlez ou déchirez ! Je serais moins clément,
Si c’était chez Méry, le poëte charmant,
Que Marseille la grecque, heureuse et noble ville,
Blonde fille d’Homère, a fait fils de Virgile.
Je vous dirais : « Enfants ! ne touchez que des yeux
À ces vers qui demain s’envoleront aux cieux.
Ces papiers, c’est le nid, retraite caressée,
Où du poëte ailé rampe encor la pensée.
Oh ! n’en approchez pas ! car les vers nouveau-nés,
Au manuscrit natal encore emprisonnés,
Souffrent entre nos mains innocemment cruelles.
Vous leur blessez le pied, vous leur froissez les ailes ;
Et, sans vous en douter, vous leur faites ces maux
Que les petits enfants font aux petits oiseaux. »


À la reprise d’Hernani par madame Dorval, Méry écrivit sur ses genoux, au